La legende ou l'atelier de construction du territoire | ||||||||||
|
||||||||||
Jennifer Brial approche la géographie en véritable dilettante, au sens le plus noble du terme, celui de l’amateur éclairé. Passionnée par les cartes et autres figures de la terre(1), elle compose ainsi des représentations du monde « à sa façon », à l’aide des accessoires que le sens commun attribue au géographe : la mappemonde, les cartes IGN et leur signalétique codifiée, ou encore, les épingles à tête de couleur qui pointent un lieu. Leur usage est pour le moins hétérodoxe. Dans Le monde épinglé (2010), un globe terrestre se retrouve couvert d’épingles, signalant l’omniscience de l’explorateur et la fin des territoires inconnus, à l’ère de Google Maps. La série Carte recomposée (2007) donne, d’un coup de dés du hasard, un regard neuf sur un territoire : chaque parcelle d’une carte IGN est découpée, mélangée et réassemblée pour reformer une carte avec les mêmes données, disposées aléatoirement. Dans le projet en cours La légende, les symboles utilisés couramment sur une carte au 1:500 000 sont extraits de leur support de papier. Plusieurs dessins préparatoires à une sculpture, qui les présentera ensuite en volume, les montrent reposant les uns contre les autres, comme en dépôt. Véritable répertoire de formes autonomes, l’artiste les envisage comme des outils en attente, éléments d’une sémiologie graphique à décrypter. (...)Le classement et la préhension sont quelques-unes des voies envisagées pour faire sien un environnement inappréciable dans sa totalité. Car le travail de Jennifer Brial révèle au moins une vérité sur le monde, que sa connaissance est forcément lacunaire, subjective et multiple, propre à mille interprétations, biais et images, une vérité qu’il n’est jamais vain de rappeler. Extraits du texte «À travers mondes» de Hanna Alkema, janvier 2012 (1) Pour reprendre le nom de l’exposition sur la cartographie tenue au Centre Pompidou en 1980. |
Jennifer Brial est née en 1979, elle vit et travaille à Paris. |
|||||||||