Nés à la fin du XVème Siècle - fruits du désir fou de quelques individus de rassembler dans un espace confiné l’ensemble des connaissances de leur époque, ainsi que les merveilles de la création naturelle et humaine - les cabinets de curiosités ont connu une postérité intellectuelle et structurelle qui ne cesse de nous interroger. "Un théâtre très étendu, renfermant les matériaux propres et les reproductions exactes de la totalité de l’univers, tel est le musée idéal des années 1560, imaginé par l’un des premiers théoriciens des collections. (…) Amasser, isoler, ordonner, tels sont les premiers motifs, ou moteurs, du cabinet. (…) L’espace du cabinet est en proie au démon de l’analogie, thème magique autant qu’esthétique. (…). Découvrir des liens cachés au regard profane, supposer une proximité essentielle entre les réalités les plus lointaines (géographiquement parlant) et les règnes les plus divers : le collectionneur offre ainsi au spectateur ou au visiteur virtuel une véritable révélation, une ouverture sur le secret des choses : à savoir que le réel fait pièce, que tout s’y tient ou s’y répond dans une chaîne ininterrompue." *

Si cet idéal n’est plus concevable aujourd’hui - la naïveté des tels postulats n’a d’égal que notre admiration pour ces studioli précieux et extravagants encore visibles dans les musées… - poser la question de la curiosité contemporaine, c’est s’interroger sur ce que nous savons du monde connu ici et maintenant, c’est tenter de porter un regard attentif sur ce qui dans les champs de nos connaissances constitue l’exception, le hors norme, l’inquiétante étrangeté, les écarts produits par nos certitudes.

L’exposition présentée à l’occasion du BUZZ # 05 est le fruit d’un projet commun proposé aux étudiants de l’école d’art (ESBAMA) et de l’école d’architecture (ENSAM) ; réunir en un lieu donné l’ensemble de leurs regards et de leurs interrogations. 

* Patrick Mauriès, Cabinet de curiosités, Gallimard, 2002.